2020 - La profondeur tranquille

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2020 clôt une trilogie exceptionnelle à Bordeaux (2018–2019–2020) en rouge. Plus sobre que 2018, plus vibrant que 2019, il incarne l’équilibre parfait entre densité et fraîcheur. Un millésime de concentration naturelle, mûr sans chaleur, dense sans excès. Des vins à la fois charnels et droits, profonds mais lumineux. 2020, c’est la sérénité après la maîtrise — la profondeur tranquille. A contrario, les blancs secs frais et fruité manquent de stature, les liquoreux ont beaucoup souffert de ce début d’automne, les rares réussis sont tout de même gourmand.

Analyse météo

L’année débute par un hiver doux et humide, suivi d’un printemps précoce et instable. Le mois de mai apporte chaleur et floraison rapide, mais l’été, chaud et sec, resserre les rendements. Malgré quelques stress hydriques localisés, les vignes bien enracinées ont résisté grâce à un été équilibré, ponctué d’orages salvateurs en août. Les vendanges, précoces, se déroulent dans des conditions idéales : journées chaudes, nuits fraîches, maturité homogène. Les raisins sont petits, concentrés, aromatiques, dotés d’une acidité naturelle qui soutient la richesse du millésime. 2020, c’est l’équilibre né du contraste : la puissance et la tension réunies.

Rive droite

Sur la rive droite, 2020 offre des vins d’une intensité sereine. Les merlots, riches mais frais, livrent des rouges amples, élégants, profonds, d’une texture caressante. Saint-Émilion se distingue par son éclat et sa pureté : fruits noirs juteux, tanins veloutés, allonge saline. Les terroirs calcaires confèrent cette énergie minérale qui équilibre la générosité du fruit. Pomerol, plus rond, exprime la densité et la douceur du millésime, tout en gardant un grain précis. Dans les Côtes, Castillon et Francs livrent des vins sincères, vibrants, pleins de fraîcheur. Une rive droite lumineuse, sensuelle et équilibrée.

Rive gauche

Le Médoc et les Graves signent une année d’une homogénéité impressionnante. Les cabernets sauvignons, mûrs et précis, donnent des vins ciselés, tendus, profonds. Saint-Julien incarne l’élégance : équilibre, droiture, finesse, éloquence. Pauillac impressionne par sa densité racée, sa profondeur. Saint-Estèphe séduit par sa vigueur et sa constance. Les Margaux sont tout doux, suaves, ronds et chauds pendant que Pessac-Léognan livre des rouges gourmand à souhait alliant droiture et sensualité. Une rive gauche architecturée, droite et lumineuse — Bordeaux dans sa forme la plus pure.

Blancs secs

L’été chaud et sec laissait craindre le pire. Heureusement, les sols ne manquaient pas d’eau et conjugués avec des nuits fraîches ont permis d’obtenir des vins relativement frais et savoureux. Les sauvignons sont moins aromatiques qu’en 2019 mais les sémillons relativement réussis ajoutent de la rondeur et de la complexité et apportent la suavité à ce millésime.

Liquoreux

Année difficile pour le Sauternais, avec une botrytisation tardive et particulièrement hétérogène et compliquée. Les crus les plus rigoureux ont néanmoins produit des vins raffinés, d’une grande finesse. Arômes d’abricot, d’agrumes, de fleurs blanches, de noix et de notes grillées. Des liquoreux discrets mais élégants.

Conclusion

2020 clôt une trilogie exceptionnelle avec brio. Les rouges sont intenses, précis, d’un équilibre magistral. Grande année à rouges, petite année à blancs : malgré tout les blancs secs sont savoureux et les liquoreux subtils et fins. Un millésime de maturité et de maîtrise, puissant sans excès, vibrant sans dureté.

Un Bordeaux serein, profond et lumineux — la profondeur tranquille.

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