2024 - fraicheur et plaisir, Le Fruit d’un long combat

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2024 fut un millésime d’efforts ardus, où la nature a mis les vignerons à l’épreuve semaine après semaine. Après des années de chaleur et d’équilibre, Bordeaux retrouve un profil plus frais, plus humide, exigeant une vigilance constante face au mildiou et à la pourriture. Pourtant, malgré les obstacles, la région signe des vins sincères, bien buvants, digestes. Des rouges légers, fruités, des blancs frais et aromatiques, des liquoreux délicats et purs. En 2024, les meilleurs crus sont nées s’une très exigeante rigueur.

Analyse météo

L’année s’ouvre sur un hiver doux mais exceptionnellement pluvieux, rendant les travaux de taille difficiles et retardant le débourrement. Le printemps reste frais et instable, avec des gelées fin avril qui touchent certains secteurs sensibles. Le mildiou, précoce et tenace, s’installe dès la troisième semaine d’avril, imposant une attention permanente au vignoble.

La floraison, en juin, se déroule sous un temps humide, entraînant coulure et millerandage, notamment sur le merlot. L’été, plus sec à partir de juillet, relance la croissance, mais la véraison reste étalée. Août, chaud et lumineux, redonne confiance, favorisant une maturation lente et homogène. En revanche, septembre alterne pluies et fraicheur et un long épisode pluvieux à partir du 20 compromet une partie des vendanges de merlot. Les cabernets, récoltés plus tard, bénéficient d’un temps plus stable et d’une belle fenêtre climatique jusqu’à mi-octobre.

Dans le Sauternais, l’alternance de périodes humides et sèches favorise une botrytisation rapide et régulière, donnant naissance à des moûts purs et aromatiques.

Rive droite

Sur la rive droite, 2024 fut une année d’hétérogénéité. Les terroirs argilo-calcaires de Saint-Émilion ont offert des merlots frais, élégants, délicats. La chair est fine, le fruit éclatant, soutenu par une acidité bien présente. Les zones plus humides montrent davantage de souplesse, et souvent de la dilution, mais propose toutefois une aromatique séduisante. Les meilleurs Pomerol proposent de jolis équilibres et leur suavité naturelle. Une rive droite sincère, dominée par la simplicité, la fraîcheur et le fruitée.

Rive gauche

Le Médoc et les Graves ont profité d’une météo plus clémente en fin de saison. Les cabernets sauvignons qui ont pu être vendangés tard, présentent un profil classique : couleur intense, tanins fins, structure droite. Ils contribuent très nettement à la qualité de l’assemblage final. Margaux, Saint-Julien, Pauillac, Saint-Estèphe, les meilleurs crus expriment leur rigueur avec des vins francs, nets, équilibrés, sans excès. À Pessac-Léognan, les rouges séduisants exprimment une certaine droiture, de la fraîcheur et un fruité éclatant.

Blancs secs

Jolie réussite pour les blancs secs. L’absence de canicule et la fraîcheur des nuits ont permis de préserver des équilibres acides. Les sauvignons très aromatiques expriment des notes de zeste de citron, de pamplemousse et de fleurs blanches ; les sémillons, sur des terroirs appropriés, ajoutent ampleur et suavité. Lorsque les graves sont profondes, celles-ci livrent des vins droits, précis, vibrants, au style pur et cristallin.

Liquoreux

Millésime relativement favorable aux liquoreux. Le botrytis s’est développé tôt et de façon homogène, permettant des tries successives nettes et régulières. Les vins sont purs, un “rôti” bien développé : arômes d’abricot confit, de miel et de fruits exotiques. Certes la bouche manque de chair mais elle et néanmoins savoureuse et équilibrée. . Des liquoreux fins, harmonieux, d’une élégance classique — la douceur de la précision.

Conclusion

2024 ne restera pas dans les annales comme un millésime d’exception, mais comme celui de la résilience. Grâce à la vigilance et la ténacité des vignerons, Bordeaux livre des vins francs, frais et accessibles.

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