Portrait : Jean-François Lalle
Jean-Francois et Walter Lalle en pays castillonnais [Archive 2000]
B.P 42, 8, brousse
33350 Belvès de Castillon
Tél : 05 57 56 05 55
Fax : 05 57 56 05 56
Il s’appelle Jean-Francois Lalle, mais il se prénomme aussi Walter. Jean-Francois goûte les vins mais Walter préfère goûter les vagues. Rien d’étonnant à se nourrir de passion me direz- vous, cependant chez Jean-Francois, pardon, Walter, elle est telle que même si Jean-Francois et Walter ne font qu’un, ils sont pourtant bien deux. Jean-Francois est réservé et retenu, Walter est plus fougueux – Jean-Francois est mesuré et prévoyant, Walter adepte du carpe diem.
Jean-Francois est œnologue – diplomé de Bordeaux en 1986, d’une certaine manière, il surfera les vagues du monde viti-vinicole, dispensant des cours de dégustation et tenant une rubrique vin sur Antenne 2. Mais en 1989, il lâche cette planche et plonge au cœur de la vague, celle de la production. Devenu œnologue de la cave coopérative de Saint-Emilion, il goûte aux joies de la vinification industrielle : « c’est un très gros bateaux, un paquebot, une inertie extrêmement lente » - un paquebot avec son pont commun, 60000 hl, et ses cabines personnelles, 50 châteaux en vinifications séparées.
En 1997 il est usé, «usé par la gestion d’un tel volume, usé par la difficulté des manœuvres ». En 1997, il décide de monter à bord d’une embarcation plus légère, une embarcation de luxe, en cale sèche pour restauration : château Canon, 1er cru classé de Saint-Emilion. « C'est un joyau (…), prendre le temps de faire les choses (…), ici nous sommes au royaume de la haute couture ». Pourtant en 2002, il décide d’abandonner cet équipage et la mer d’huile pour une embarcation moins capitonnée et une mer plus agitée : le château Côte Monpezat à Castillon.
Parallèlement, Walter, pendant tout ce temps là, surfe. Walter surfe les vagues océanes mais surtout, et vous comprendrez pourquoi je vous parle non seulement de Jean-Francois mais également de Walter, il s’éprend d’une vague, une vague bien particulière, une vague fluviale : le mascaret. Le Mascaret : une traînée d’ondes venant de l’océan, remontant l’estuaire et s'engouffrant dans ses bras, Dordogne et Garonne - Une traînée d’ondes à l’origine du nom Entre deux mers - Une traînée d’ondes qui pourrait emmener une planche de surf et le poids de son pilote. Ni une, ni deux, Walter et deux de ses amis se mettent à l’eau au port de Saint-Pardon et attendent la vague – voilà qu’elle arrive, jambes et bras s’agitent, quelques mouvements propulseurs, les genoux se décollent, les pieds prennent appui, les bras s’écartent en position de balancier … le Mascaret à perdu sa virginité – Walter est le premier surfeur de cette vague si particulière.
Jean-Francois, pourquoi le château Côte Monpezat ? : « il y a un terroir magnifique avec lequel nous pouvons travailler dans le velours - et il est bien plus passionnant et excitant de démontrer que nous pouvons faire ici de grands vins – dans les tous premiers crus, Cheval Blanc, Petrus,…le travail de l’équipe consiste aujourd’hui à maintenir le cru à son niveau ; ici, à Côte Monpezat, mon prédécesseur à déjà fait beaucoup pour ce cru mais nous pouvons encore bien progresser ».
C’est quoi un bon vin ?: « d’où qu’il soit, un bon vin doit être le reflet de son terroir – il doit être travaillé en finesse, montrant de l’élégance et surtout pas de la rusticité – mais surtout, finalement, un bon vin c’est une bouteille vide sur la table après un repas ».
Et le mascaret Walter ?
« Nous l’avons beaucoup surfé, il est surfable près de 70 fois par an. Mais à présent, il y a beaucoup trop de monde sur la vague. Nous avions organisé, il y a quelques années, un grand événement autour de cette vague, en invitant la presse écrite et audiovisuelle qui a répondu présent – le problème conséquent est qu’aujourd’hui, il n'y a jamais moins de soixante surfeurs sur la vague en même temps, de ce fait, le moindre écart de trajectoire renverse le voisin – c’est nettement moins amusant.
Mais je suis aussi ravi parce que le port de Saint-Pardon et son bistrot vivent depuis, toute l’année, au son du Mascaret, de ses surfeurs et de ses curieux. »
Revue des vins
TRES BON
Dégustation Côte Monpezat 2000
Nez légèrement ouvert, distillant des fruits rouges frais et compotés, de très jolies notes boisées bien fondues.
Attaque de belle ampleur, suave, évoluant vers une empreinte très rectiligne et se posant sur cette assise tannique, massive, sans angularité pour autant – notes crémeuses, fruit de bouche discret, très poivré. Tenue correcte, bonne longueur – finale massive et aplatie à deux dimensions, dominée par un tannin réellement présent .
Vin de bel équilibre et de bonne puissance, mériterait cependant une complexité plus étoffée.
BON
Dégustation Côte Monpezat 1999
Nez ouvert emmené par des notes fraîches, alcooleuses et distillant de discrètes notes de fruits frais et de bois vanillé.
Attaque de bonne amplitude très en souplesse –évolution en trois temps : volubile de bonne ampleur puis soutenue par une structure tannique de plus en plus résurgente mais sans excès, c’est ensuite au tour de l’alcool de venir conforter l’assise – joli fruit.
Bonne tenue, et bonne longueur – finale fraîche légère mâche et alcool présent, sans excès.
Joli vin bien composé dans l’équilibre, moins riche que le 2000, il est aussi plus facile.