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Dégustations, histoires et terroirs à partager

Par Fabian Barnes

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2024 - fraicheur et plaisir, Le Fruit d’un long combat

Lecture en 2 min

2024 fut un millésime d’efforts ardus, où la nature a mis les vignerons à l’épreuve semaine après semaine. Après des années de chaleur et d’équilibre, Bordeaux retrouve un profil plus frais, plus humide, exigeant une vigilance constante face au mildiou et à la pourriture. Pourtant, malgré les obstacles, la région signe des vins sincères, bien buvants, digestes. Des rouges légers, fruités, des blancs frais et aromatiques, des liquoreux délicats et purs. En 2024, les meilleurs crus sont nées s’une très exigeante rigueur.

Analyse météo

L’année s’ouvre sur un hiver doux mais exceptionnellement pluvieux, rendant les travaux de taille difficiles et retardant le débourrement. Le printemps reste frais et instable, avec des gelées fin avril qui touchent certains secteurs sensibles. Le mildiou, précoce et tenace, s’installe dès la troisième semaine d’avril, imposant une attention permanente au vignoble.

La floraison, en juin, se déroule sous un temps humide, entraînant coulure et millerandage, notamment sur le merlot. L’été, plus sec à partir de juillet, relance la croissance, mais la véraison reste étalée. Août, chaud et lumineux, redonne confiance, favorisant une maturation lente et homogène. En revanche, septembre alterne pluies et fraicheur et un long épisode pluvieux à partir du 20 compromet une partie des vendanges de merlot. Les cabernets, récoltés plus tard, bénéficient d’un temps plus stable et d’une belle fenêtre climatique jusqu’à mi-octobre.

Dans le Sauternais, l’alternance de périodes humides et sèches favorise une botrytisation rapide et régulière, donnant naissance à des moûts purs et aromatiques.

Rive droite

Sur la rive droite, 2024 fut une année d’hétérogénéité. Les terroirs argilo-calcaires de Saint-Émilion ont offert des merlots frais, élégants, délicats. La chair est fine, le fruit éclatant, soutenu par une acidité bien présente. Les zones plus humides montrent davantage de souplesse, et souvent de la dilution, mais propose toutefois une aromatique séduisante. Les meilleurs Pomerol proposent de jolis équilibres et leur suavité naturelle. Une rive droite sincère, dominée par la simplicité, la fraîcheur et le fruitée.

Rive gauche

Le Médoc et les Graves ont profité d’une météo plus clémente en fin de saison. Les cabernets sauvignons qui ont pu être vendangés tard, présentent un profil classique : couleur intense, tanins fins, structure droite. Ils contribuent très nettement à la qualité de l’assemblage final. Margaux, Saint-Julien, Pauillac, Saint-Estèphe, les meilleurs crus expriment leur rigueur avec des vins francs, nets, équilibrés, sans excès. À Pessac-Léognan, les rouges séduisants exprimment une certaine droiture, de la fraîcheur et un fruité éclatant.

Blancs secs

Jolie réussite pour les blancs secs. L’absence de canicule et la fraîcheur des nuits ont permis de préserver des équilibres acides. Les sauvignons très aromatiques expriment des notes de zeste de citron, de pamplemousse et de fleurs blanches ; les sémillons, sur des terroirs appropriés, ajoutent ampleur et suavité. Lorsque les graves sont profondes, celles-ci livrent des vins droits, précis, vibrants, au style pur et cristallin.

Liquoreux

Millésime relativement favorable aux liquoreux. Le botrytis s’est développé tôt et de façon homogène, permettant des tries successives nettes et régulières. Les vins sont purs, un “rôti” bien développé : arômes d’abricot confit, de miel et de fruits exotiques. Certes la bouche manque de chair mais elle et néanmoins savoureuse et équilibrée. . Des liquoreux fins, harmonieux, d’une élégance classique — la douceur de la précision.

Conclusion

2024 ne restera pas dans les annales comme un millésime d’exception, mais comme celui de la résilience. Grâce à la vigilance et la ténacité des vignerons, Bordeaux livre des vins francs, frais et accessibles.

Le tour des appellations – Coups de cœur

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2023 - Le jeu des contrastes

Lecture en 2 min

2023 s’annonce comme une année contrastée et surprenante. Si le vignoble bordelais a connu de fortes pressions de mildiou et des épisodes climatiques extrêmes, les vins produits se distinguent par leur fraîcheur, leur typicité et leur élégance. Moins uniformes que 2022, ils offrent une grande variété de profils selon les terroirs et les choix de vinification. Un millésime de nuances, où la finesse prime sur la puissance pour les rouges — la grâce pour les blancs.

Analyse météo

Le millésime 2023 débute par un hiver frais et peu ensoleillé, retardant le débourrement et épargnant les vignes du gel printanier. Le printemps, alternant douceur et fraîcheur, favorise la pression du mildiou, obligeant les vignerons à une vigilance constante. Heureusement, le mois de mai, chaud et sec, assure une floraison rapide et homogène, sans coulure ni millerandage.

L’été les orages s’enchaines et la vigne poursuit sa croissance : la véraison, très irrégulière, s’étale sur un mois. Enfin, à partir de la mi-août, le temps bascule : chaleur intense, sécheresse. Le mois de septembre chaud et lumineux profite à la maturation et aux vendanges des blancs secs et merlots précoces mais les pluies annoncées pour le 20 du mois laissent craindre la pourriture et précipitent certaines récoltes. Les vendanges, s’échelonnent jusqu’à octobre pour les Cabernet sauvignon qui pouvaient attendre. Les conditions climatiques ont été très favorable au développement de la pourriture noble, et le temps secs et particulièrement chaud jusqu’a la mi-octobre ont permis une belle concentration des raisins destinés aux liquoreux.

Rive droite

Sur la rive droite, la diversité des situations domine tant la pression du mildiou puis de la pourriture distingue les parcelles et les crus. Les terroirs dit froid, calcaires et argilo-calcaires, ont donné des merlots frais, fruités, à la texture veloutée. Les sols plus chauds ont produit des vins plus denses, parfois un peu fermes. La part de Cabernet Franc dans l’encépagement qui ont pu patienter après les pluies à toute son importance. Une rive droite particulièrement nuancée où la main du vigneron a été capital.

Rive gauche

Le Médoc et les Graves signent un millésime très contrasté, mais souvent brillant sur les grands terroirs. Les cabernets sauvignons réussis sont ceux qui ont pu traverser la semaine de pluies de septembre et pleinement profiter du climat d’octobre. Cela se montrent profonds, racés, d’un classicisme éclatant. Une rive gauche certes incomparable à 2022, mais marquée par de belles réussites sur les sols profonds et bien drainés.

Blancs secs

Les blancs secs sont l’un des points forts du millésime. Préservés des excès de chaleur jusqu’à la mi-août, ils présentent une fraîcheur éclatante et un éclat aromatique remarquable. Les sauvignons sont tendus, sapides, très expressifs, tandis que les sémillons ajoutent moelleux et complexité florale. Les graves profondes livrent des blancs lumineux, pleins, d’un équilibre parfait entre tension et gras. Des vins éclatants, à la fois purs et gourmands — admirables de précision.

Liquoreux

Le Sauternais signe un très grand millésime. Grâce à une alternance idéale d’humidité et de chaleur à la mi-septembre, le botrytis s’est installé précocement et de manière homogène. La concentration des baies fut rapide et naturelle. Les vins allient richesse, intensité aromatique et fraîcheur superbe. Arômes de miel, d’abricot confit, de fruits exotiques et de fleurs blanches. Des liquoreux puissants mais équilibrés, dans la lignée des grandes années récentes.

Conclusion

2023 est un millésime hétérogène dominé par la réussite éclatante des blancs et des liquoreux. Les rouges ne brillent pas mais les meilleurs ravissent les palais par leur potentiel aromatique et la finesse de leurs structures ; ils reflètent assez fidèlement l’expression des terroirs.

Un Bordeaux de contrastes et de clarté, où la main du vigneron a dû guider la nature avec finesse — la précision dans la diversité.

Le tour des appellations – Coups de cœur

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2018 - La puissance sereine

Lecture en 2 min

2018 ouvre un nouveau cycle à Bordeaux : celui d’un équilibre retrouvé entre maturité et précision. Après un début de saison difficile, la nature a offert une fin d’été parfaite, permettant de produire des vins spectaculaires d’intensité et de pureté. Denses mais harmonieux, riches mais frais, les 2018 marquent un sommet moderne du style bordelais. Une année de puissance sereine, lumineuse et parfaitement maîtrisée.

Analyse météo

L’année commence sous la pluie : un hiver provoquant un retard de débourrement puis un printemps très humides favorisant un mildiou foudroyant sur feuilles, sur grappes, les orages de grêle n’arrangent rien, l’inquiétude est largement palpable chez les vignerons devant faire face à tant de pressions. A partir de juillet, le temps change radicalement : un été chaud, sec, lumineux, sans excès de canicule, s’installe durablement. Les vignes reprennent vigueur, la maturité progresse lentement mais sûrement. Septembre et octobre, ensoleillés et secs, permettent des fin de maturité complètes et des vendanges sereines et tardives. Les raisins sont splendides : petits, concentrés, à la peau épaisse, avec des tanins mûrs et une acidité étonnamment fraîche. 2018 est un millésime d’exception né du contraste entre abondance solaire et rigueur technique.

Rive droite

Sur la rive droite, 2018 offre des vins d’une sensualité contenue. Les merlots, d’une maturité parfaite, livrent des rouges charnus, veloutés et profonds. Saint-Émilion brille par l’équilibre de ses vins entre ampleur et droiture, des tannins structurants mais soyeux. À Pomerol, la richesse naturelle du millésime s’exprime dans une texture moelleuse , duveteuse, et un fruité intense noir et pur. Dans les Côtes, notamment à Castillon et Francs, mais aussi à Fronsac et Canon Fronsac les rouges se distinguent par leur densité et leur éclat. Une rive droite festoyante où puissance et fraîcheur se confondent.

Rive gauche

Le Médoc et les Graves signent de grands vins. Les cabernets sauvignons, parfaitement mûrs, offrent des structures monumentales dans un parfait équilibre. Pauillac impressionne par sa densité monolithique et ses longueurs intarrissable. Saint-Estèphe s’accorde un tannin plus affirmé mais aussi un fruité plus vivifiant. Saint-Julien affiche la générosité, du fruit du jus, du fruit du jus… Plus au sud, et probablement parce que le merlot est plus abondant, et que mildiou et grêle ont été plus intense qu’au nord, les vins de Margaux assurément gourmand à souhait affichent une arrogance juvénile liée à l’alcool un peu frontal et un tannin ciselant. Pessac-Léognan aussi revêt une pointe alcooleuse mais cette trame crayeuse qui est la sienne enveloppée de fruit gourmand et sa chair juteuse en font une réussite du millésime . Une rive gauche puissante, lumineuse, symbole d’un Bordeaux exceptionnel en particulier au nord.

Blancs secs

Les blancs secs 2018 sont tendre, gourmand, parfois solaires, et pour les plus réussis équilibrés par un aromatique d’agrumes mûrs généreux; les sémillons, en particulier sur argilo-calcaire, apportent volume et suavité. Des vins charmeurs, pleins, plus ronds que tendus, peu éloquents mais savoureux.

Liquoreux

Année complexe pour le Sauternais, marquée en premier lieu par une attaque massive, intense, du mildiou ; puis des orages de grêle destructeurs. L’automne chaud et ensoleillé favorise le passerillage mais pas le développement de la pourriture noble qu’il faudra attendre mi-octobre pour des vendanges fin octobre. Les crus les mieux notés ont toutefois produit des vins superbe : puissants, riches, aux arômes de fruits confits, de miel, d’ananas rôti et d’épices douces. La plus part manquent de fraicheur et d’élégance qu’octroie un botrytis magnifiquement développé, ils ont même pour certains une tendance à s’empâter. Malgré cela ces liquoreux sont profonds, voluptueux et savoureux.

Conclusion

2018 est un grand millésime de modernité maîtrisée. Des rouges somptueux ; des blancs secs charmeurs ; des liquoreux généreux. Un Bordeaux à la fois intense et apaisé, qui allie force et transparence.

Une année de maturité tranquille, où la puissance se fait harmonie — la puissance sereine.

Le tour des appellations – Coups de cœur

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Millésime 2002 – Un millésime de contrastes

Tout commence par une idée.

Résumé

Le millésime 2002 est marqué par une grande hétérogénéité. Les conditions météorologiques difficiles ont pénalisé les merlots précoces, mais une arrière‑saison exceptionnelle a permis aux cabernets de mûrir convenablement. La rive gauche (Médoc, Pauillac, Saint‑Estèphe) s’en sort nettement mieux, avec des vins droits, fruités et équilibrés. La rive droite, plus riche en merlots, livre des vins plus chétifs ou creusés, mais certains terroirs de Castillon et de Saint‑Émilion tirent leur épingle du jeu. Les blancs secs sont frais et équilibrés ; les liquoreux sont riches en sucre mais parfois lourds.

Analyse météo

Les notes de l’Institut d’œnologie et de l’UGCB décrivent une année difficile. Le printemps est pluvieux, entraînant coulure et millerandage ; juillet et août sont frais et peu ensoleillés. En septembre, un “miracle” climatique se produit : un mois de temps chaud, sec et ensoleillé redonne espoir aux vignerons, assèche le botrytis et permet une bonne maturité des raisins. Les merlots, vendangés tôt, restent hétérogènes et acides ; les cabernets sauvignons profitent pleinement de la chaleur tardive et donnent des vins très aromatiques, avec des tanins souples et veloutés. Les liquoreux présentent une forte concentration en sucre, parfois provoquée par l’osmose inverse ; la richesse domine souvent l’élégance.

Description par appellation

  • Barsac–Sauternes (blancs) : millésime ingrat. Les nez sont fermés et dominés par la levure ou l’alcool, le sucre est massif et écœurant. Les vins restent nets et acides mais demandent un long élevage. Coup de cœur pour Clos Haut‑Peyraguey, très équilibré, et Doisy Vedrines, qui offre une fraîcheur intense. Broustet est jugé parfait pour la table grâce à sa buvabilité.

  • Pessac‑Léognan blanc : beau millésime sans être grand. Les sauvignons sont réussis ; les meilleurs vins allient volume et fraîcheur (Haut‑Bergey, La Tour Martillac, Malartic‑Lagravière, De France, Couhins‑Lurton). Le sommet est Laville Haut‑Brion, riche, élégant et long. Les seconds vins de Haut‑Brion et La Mission Haut‑Brion sont remarquables.

  • Bordeaux blanc et Entre‑deux‑Mers : vins frais, aromatiques, simples mais plaisants. Charmes Godard séduit par son volume bourguignon et ses accents floraux. Reynon vieilles vignes met l’accent sur la nervosité du sauvignon, et Fontenille éclate de fruit grâce à la muscadelle.

  • Médoc (rouge) : l’appellation la plus homogène. Les vins présentent un beau fruit mûr, des tanins doux et peu d’artifice. Quelques vins souffrent d’un élevage trop boisé (Vieux Robin, Patache d’Aux), mais la majorité – Castera, Du Périer, La Clare, Noaillac, Ramafort, ainsi que les seconds vins Fontaine de l’Aubier et Haut‑Myles – offre un raisin pur et généreux.

  • Haut‑Médoc : plus hétérogène, avec des dilutions et des finales agressives. Les meilleures réussites sont Belgrave, Citran, Cambon La Pelouse, Cissac, Sénéjac et surtout Clément Pichon, qui atteint un niveau de cru bourgeois exceptionnel.

  • Margaux : millésime peu volumineux et tannique. Parmi les non classés, La Gurgue et La Tour de Mons séduisent par leur élégance. Monbrison est l’un des meilleurs flacons, tous crus confondus. Chez les classés, Du Tertre présente une belle structure et Lascombes combine volume et longueur, tandis que Brane‑Cantenac reste très typé Margaux mais un peu austère.

  • Listrac et Moulis : quelques belles surprises. Saransot‑Dupré est salué pour son équilibre parfait ; Mayne Lalande offre beaucoup de fruit. Poujeaux et Chasse‑Spleen en Moulis sont réussis mais leurs tanins sont un peu durs.

  • Saint‑Julien : de beaux fruits mais des tanins parfois durs. Gruaud Larose est très élégant. Talbot et Lagrange affichent un beau volume mais leurs finales sont chaudes et boisées.

  • Pauillac : le cœur du millésime. Les vins conjuguent fruit, volume et structure. Lynch‑Bages, Haut‑Bages Libéral et Pontet‑Canet forment un trio de tête. Pichon Baron, Grand Puy Ducasse, Pibran sont prometteurs mais encore boisés.

  • Saint‑Estèphe : structures puissantes et tanins serrés. Château Clauzet signe un des plus beaux vins de tout Bordeaux. Les Ormes de Pez, Haut‑Marbuzet, Cos Labory, Phélan Ségur, Coutelin Merville et Tour de Pez complètent le palmarès.

  • Pessac‑Léognan rouge : beaucoup de vins manquent de fraîcheur et sont marqués par l’alcool ou le bois. Domaine de Chevalier reste frais et équilibré. Ferrande, Haut‑Bergey, Pape‑Clément, Smith Haut Lafitte, Malartic‑Lagravière et la famille Haut‑Brion/La Mission (avec leurs seconds vins) figurent parmi les réussites.

  • Rive droite : globalement plus faible. Les Bordeaux et Bordeaux Supérieur doivent être bus pour leur fruit immédiat ; seul Gree Laroque sort du lot. À Blaye, Dubraud et Bel Air La Royère brillent par leur structure ; Mondésir Gazin et Petits Graviers offrent finesse et fruit. Nodoz (Côtes de Bourg) présente un fruit rond un peu chaud. Premières Côtes de Bordeaux : Montjouan, Nénine, Clos Saint‑Anne, Puy Bardens et Reynon sont de beaux vins classiques.

    • Côtes de Francs : Puygueraud et La Prade dominent, avec des fruits explosifs et des tanins fondus ; Château de Franc, Pélan et la cuvée Georges sont également de belle facture.

    • Côtes de Castillon : haut niveau. Les vins ronds (Joanin‑Bécot, Domaine de l’A) et les vins charpentés (Clos des Lunelles, Valmy Dubourdieu Lange, Veyry) comptent parmi les meilleurs rouges de la rive droite.

    • Saint‑Émilion et satellites : qualité très variable. Monbousquet, Moulin Saint‑Georges et Petit Cheval incarnent la finesse. Parmi les grands crus classés, Pavie Macquin, Troplong Mondot, Pavie Decesse et Grand Mayne tirent leur épingle du jeu. Chez les 1ers GCC, Clos Fourtet, Figeac, Beauséjour Bécot, La Gaffelière et Ausone allient fraîcheur et structure.

    • Pomerol : très touché par le faible volume de merlot, mais Certan de May, Vieux Château Certan et Vieux Maillet réalisent des vins surprenants par leur fraîcheur et leur élégance.

    • Lalande de Pomerol : millésime difficile, seul La Fleur de Bouard sort du lot.

    • Fronsac/Canon Fronsac : beaucoup de vins mûrs, ronds et chauds ; La Rousselle signe son plus beau millésime, tandis que Haut Carles, Moulin Haut Larroque et Barrabaque sont à retenir.

Quelques notes de dégustation

Vos feuilles de dégustation individualisées (degu.xls) font ressortir quelques bouteilles mieux notées :

  • Clos Puy Arnaud (Côtes de Castillon) : 17/20 – magnifique équilibre, tanins serrés et grande longueur.

  • Veyry (Castillon) : 17/20 – puissant, bien mûr, tanins ronds.

  • Boutisse, Sansonnet, Quinault (Saint‑Émilion GC) : 14/20 – vins classiques, fruités et bien structurés.

  • Joanin‑Bécot, Domaine de l’A, Valandraud (Castillon et Saint‑Émilion) : 14/20 – jolis fruits et notes épicées.

  • Haut Carles (Fronsac) : 15/20 – fruit mûr, tanins suaves.
    Ces notes confirment la hiérarchie décrite plus haut : les meilleurs scores vont aux vignerons de Castillon et aux cuvées de niche en rive droite.

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Millésime 2004 – La sagesse bordelaise

Tout commence par une idée.

Résumé

Le millésime 2004 est un millésime classique et hétérogène. Après les excès de 2003, les vignerons reviennent à plus de finesse. Les rendements sont élevés et les vins, souvent dilués, reflètent fidèlement leur terroir : la rive gauche obtient les meilleurs résultats grâce aux cabernets, tandis que la rive droite, dominée par les merlots, produit des vins plus légers. Les blancs secs sont très réussis, alliant fraîcheur et élégance. Les liquoreux sont riches mais parfois lourds. Globalement, 2004 est un millésime pédagogique : il met en valeur la typicité des appellations et récompense les vinificateurs qui ont accepté les limites du millésime plutôt que d’essayer de surconcentrer les vins.

Analyse météo

Les notes d’« Impressions générales » décrivent un printemps humide, un été frais et un automne long et doux. Les pluies de mai ont créé une floraison hétérogène et des baies riches en eau. L’été frais a favorisé l’expression aromatique des blancs secs, tandis que les rouges ont souffert de dilution. L’automne ensoleillé a permis aux cabernets sauvignons sur graves de mûrir correctement. La vendange des liquoreux a débuté très tôt (10 septembre) avec une première trie importante ; l’ensoleillement d’octobre a ensuite favorisé le passerillage. Sur le plan gustatif, les rouges montrent souvent une pyrazine (arôme de poivron/tomate verte) caractéristique des cabernets pas totalement mûrs. Malgré la dilution, les meilleurs vins retrouvent une lisibilité “à l’ancienne”, avec une fraîcheur et une fluidité qui feront plaisir à la table.

Description par appellation

Les documents « Résumé 2005 » et les tableaux de dégustation nous donnent une grille d’évaluation des meilleurs 2004 :

  • Bordeaux / Entre‑deux‑Mers / Côtes de Blaye : Très beau trio Bonnet (E2M), Reignac (Bordeaux) et Launay ; de bons vins de plaisir comme Charmes Godard, Marjosse ou Sainte‑Marie.

  • Bordeaux supérieur : Le Pin Beau Soleil est superbe ; Launay et Gree Laroque excellent ; Villa Mongiron et Penin offrent de jolis vins.

  • Premières Côtes de Bordeaux : La Doyenné, Reynon et De Pic livrent des vins bien équilibrés.

  • Côtes de Bourg / Côtes de Blaye : Tayac, Epicuria de Martinat, Segonzac, Haut Colombier et Bel Air La Royère sont les bouteilles les mieux notées.

  • Côtes de Francs : excellent Puygueraud ; très bons La Prade, Cru Godard, Pelan et De Francs “les Cerisiers”.

  • Côtes de Castillon : magnifique Clos Puy Arnaud (classement “Excellent”), suivi de Veyry, Valmy Dubourdieu Lange, Cap de Faugères et Joanin‑Bécot, Domaine de l’A, Roque le Mayne, Côte Montpezat.

  • Satellites de Saint‑Émilion : les meilleures notes vont à du Courlat et Messile Aubert (Assez bien).

  • Saint‑Émilion : La Croix Bonelle est noté “Bien”.

  • Saint‑Émilion Grand Cru : Petit Cheval et L’Évêché décrochent l’“Excellent”; La Grace Dieu des Prieurs Fortin, Rocher Bellevue Figeac, Petit Gravet Aîné, Faugères, Péby Faugères et Barde Haut reçoivent un “Très bien”; une longue liste (Virginie de Valandraud, Fombrauge, Quinault l’Enclos…) obtient la mention “Bien”.

  • Saint‑Émilion Grand Cru classé : Pavie Macquin et Larcis Ducasse sont “Excellent”; Balestard La Tonelle, La Couspaude, Grand Pontet et Bellevue “Très bien”; Les Grandes Murailles, Corbin Michotte ou Villemaurine “Bien”.

  • Saint‑Émilion 1er Grand Cru classé : Clos Fourtet et Beauséjour Bécot sont jugés “Superbes”; Angélus est “Excellent”; Bélair, La Gaffelière et Trottevieille sont “Très bien” ou “Bien”.

  • Lalande de Pomerol : La Fleur de Bouard est “Bien”.

  • Pomerol : “Bien” pour La Conseillante, La Pointe, L’Évangile et Le Gay ; “Assez bien” pour Feytit Clinet, Beauregard, Vieux Maillet, etc.

  • Fronsac / Canon Fronsac : excellente La Rousselle, très bon Richelieu ; De la Rivière et Dalem “Bien”.

  • Sauternes / Barsac : Clos Haut‑Peyraguey et La Tour Blanche obtiennent “Excellent” ; De Malle est “Très bien” ; Rabaud Promis, Rieussec et Lamothe Despujols sont “Bien” ; de nombreux domaines (Doisy Vedrines, Sigalas Rabaud, Guiraud, Suduiraut…) sont “Assez bien”.

  • Pessac‑Léognan blanc : très beaux vins de Larrivet Haut‑Brion, Fieuzal, Pape Clément, Domaine de Chevalier, Haut Bergey, Bouscaut et Carbonnieux ; “Bien” pour De France, Smith Haut Lafitte, Pique Caillou et La Tour Martillac.

  • Pessac‑Léognan rouge : “Excellent” pour Larrivet Haut‑Brion, Olivier et Ferrande ; “Très bien” pour Pape Clément et Domaine de Chevalier ; “Bien” pour Bouscaut, Fieuzal, Les Carmes et Haut‑Bailly.

  • Médoc : Preuillac, Tour Haut Caussan et La Tour de By sont les plus réussis ; D’Escurac, Castera, Rollan de By et Bournac sont jugés “Bien”.

  • Haut‑Médoc : Du Retout est le seul “Excellent”; Clément Pichon, D’Agassac et Camensac sont “Très bien”; Lestage Simon, Hanteillan, Paloumey, Lamarque et La Tour Carnet sont “Bien”.

  • Listrac : Fourcas Dumont, Cap Léon Veyrin et Mayne Lalande sont les meilleures bouteilles.

  • Moulis : Poujeaux décroche la mention “Excellent”; Dutruch Grand Poujeaux et Chasse Spleen sont “Très bien”.

  • Margaux : Palmer est jugé “Fabuleux”; Cantenac Brown, Lascombes, Dauzac et Alter Ego sont “Excellent”; Prieuré Lichine, Monbrison, Deyrem Valentin, Tour de Mons, Du Tertre et Siran sont “Très bien”.

  • Saint‑Julien : Lagrange est “Excellent”, Gruaud Larose “Très bien”; Talbot, Léoville Poyferré et Beychevelle obtiennent “Assez bien”.

  • Pauillac : Latour et Pichon Baron sont considérés comme “Fabuleux”; Grand Puy Ducasse “Superbe”; Pontet‑Canet, Clerc Milon et Les Forts de Latour sont “Excellent”. Haut‑Bages Libéral et Batailley sont “Très bien”.

  • Saint‑Estèphe : Haut Marbuzet reçoit “Superbe”; Phélan Ségur, Château de Pez, Ormes de Pez et Clauzet “Excellent”; Tour de Pez est “Bien”.

Quelques notes de dégustation

Les feuilles de dégustation du millésime 2004 (primeurs 2005.xls) confirment ces classements. Parmi les vins dégustés à l’aveugle, les notes les plus élevées vont à :

  • Caillou : 15/20 – bouche pleine de fruit blanc, légère touche grillée, alcool bien maîtrisé.

  • Lamothe Despujols : 15+ – bouche fraîche et nerveuse, finale un peu brûlante mais bien menée.

  • Filhot : 15+/16 – belle puissance, fruit et fleur, longueur remarquable, finale un peu chaude.

  • De Malle : 16+/16 – riche et puissant, fruit confit (abricot sec), finale alcooleuse.

  • Rabaud Promis : 15/20 – fruit confit et joli équilibre.

  • Doisy Vedrines : 14+/15– – vin de fruit frais légèrement confit, plutôt court mais plaisant.
    Ces notes montrent que les liquoreux les plus performants (De Malle, Filhot, Lamothe Despujols) se hissent autour de 15–16/20, confirmant les mentions “Très bien” à “Excellent” attribuées dans le classement par appellation.

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